482,90. C’est le nombre de millions dépensés cet été par Liverpool sur le marché des transferts, un record. Le club de la Mersey s’est offert les services de 8 nouveaux joueurs dont certains au prix fort. Après un titre de champion d’Angleterre glané l’année passée, les reds ont décidé de mettre les moyens afin de se renforcer pour dominer le football européen. Un mercato XXL qui laisse entrevoir la puissance économique que représente la premier league.
À la suite d’un été 2024 très calme avec les achats de Chiesa et Mamardashvili pour respectivement 12 et 30 millions, Arne Slot souhaitait enfin pouvoir construire un effectif à son image après avoir brillamment réussi à triompher avec celui bâtit par son prédécesseur allemand Jurgen Klopp. Pour ce mercato 2025 les dirigeants des reds ont vu les choses en grand avec l’arrivée de 8 nouveaux joueurs pour un montant total de 482,90 millions d’euros, une somme démentielle.

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Avec un tel budget Liverpool s’est considérablement renforcé, notamment offensivement. En effet, le club de la Mersey à effectuer les trois transferts les plus dépensiers de cet été avec Alexander Isak pour 145€ M, Florian Wirtz pour 125€ M et Hugo Ekitiké pour 95€ M. Si Mohamed Salah a réalisé sa meilleure saison lors de l’exercice 2024/2025, les dirigeants savent que le pharaon ne sera pas éternel et qu’il lui faudra sans doute plus d’aide pour les saisons à venir. L’arrivée de ces trois cracks apparait donc comme le renouvellement de cette attaque qui était pourtant la meilleure la saison passée avec 86 buts. Ce renouvellement n’a pourtant rien d’anodin après l’échec Darwin Nuñez acheté près de 85€ M qui n’aura jamais apporté satisfaction, manquant bien trop souvent de réalisme, de finesse technique et de vision de jeu pour s’imposer comme un titulaire. À cela vient également s’ajouter le tragique décès du numéro 20 Diogo Jota survenu le 3 juillet dans un accident de voiture, contraignant de fait les dirigeants à revoir leur stratégie.
Chez les trois recrues, on remarque avant tout leur justesse technique à commencer par Wirtz, véritable virtuose balle au pied capable de déverrouiller les défenses les plus fermées. Tout comme Ekitiké, technicien hors pair, très bon dos au jeu notamment dans l’orientation du jeu grâce à ses qualités qui lui permettent de jouer parfois en faux neuf afin de distribuer. Enfin, la cerise sur le gâteau : Alexander Isak, l’attaquant moderne par excellence et donc transfert le plus cher de l’histoire de la Premier League. À la manière de Ekitiké, le suédois dispose d’une aisance technique assez remarquable pour un numéro neuf qui lui permet de faire des différences balle au pied, mais il rajoute à cela un placement offensif et un sens du but au-dessus de la moyenne, lui qui a inscrit 27 buts en 42 matchs la saison dernière. Une question reste en suspens pour ces trois joueurs, valaient-ils vraiment ce prix-là ? La seule réponse possible pour eux sera de le montrer sur le terrain.
Une autre interrogation subsiste, comment faire cohabiter tout ce beau monde et surtout, est-ce possible ? Il n’y a en effet que quatre places dans le 4-2-3-1 de Slot pour les offensifs. Salah est indéboulonnable, Wirtz devrait jouer en numéro 10 après l’investissement réalisé et Gakpo semble prendre la place sur l’aile gauche après le départ de Luiz Diaz. De ce fait il ne reste qu’une place pour le poste de numéro neuf alors que les reds ont dépensé respectivement 145€ M sur Isak et 95€ sur Ekitiké. Comment Slot va procéder ? S’il décide de rester avec ce système, tout pousse à croire qu’il titularisera Isak en raison de son expérience et du tarif de son transfert, c’est ce qui serait le plus logique. Cependant cela impliquerait de devoir mettre Ekitiké sur le banc ce qui remettrait largement en cause la raison de son achat et surtout son prix. Comment indiquer à sa nouvelle recrue, de surcroit achetée à prix d’or qu’elle doit s’asseoir sur le banc des remplaçants. D’autant plus qu’il réalise un début de saison tonitruant avec 4 buts et 1 passe décisive en 7 matchs. 95€ M investi pour que le joueur cire le banc de touche c’est en effet questionnable. Reste à savoir si Slot reste dans ce schéma ou décide de placer l’attaquant français sur le côté gauche à la place du néerlandais. Quand bien même cette situation adviendrait, ce n’est pas le poste de l’ancien parisien. Il est capable par sa polyvalence d’évoluer sur tout le front de l’attaque mais cela reviendrait à gâcher son potentiel.
Une défense remodelée

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La défense également n’a pas échappé à la refonte entamée cet été par le tacticien hollandais. Une des priorités du coach était de garder son capitaine Virgil Van Dijk qui a été re-signé en fin de saison à l’inverse de Trent Alexander Arnold parti libre en direction du Réal Madrid. Avec le départ de l’enfant du club et le déclin annoncé de Robertson, Liverpool avait besoin de raffermir ses postes de latéraux. Chose promise, chose due le club a recruté deux des meilleures jeunes à leur postes en la personne de Jeremie Frimpong et de Milos Kerkez pour 40€ M et 47€ M. Tous deux auront le même défi, prouver qu’ils ont l’étoffe pour remplacer ce qui s’apparente à la paire de latéraux la plus iconique de l’histoire de la Premier League. Une tâche qui s’annonce difficile mais pas insurmontable. En effet, ils ont démontré beaucoup de qualité, que ce soit Frimpong qui a fait partie de l’épopée victorieuse de Xabi Alonso à Leverkusen, ou Kerkez qui s’est imposé comme l’un des meilleurs latéraux de Premier League dans une équipe de Bournemouth pleine de talent. Si le premier est davantage reconnu pour ses qualités d’attaquant, le hongrois lui se distingue par sa polyvalence, aussi bon en attaque qu’en défense. Frimpong n’est pas un défenseur naturel, tout comme l’était Alexander-Arnold, ce qui pose certaines questions concernant la solidité défensive souhaité par Arne Slot. Ce qui est certain c’est que les deux joueurs possèdent un énorme volume de jeu, une qualité non négligeable quand on connait le rythme infernal qui existe dans un tel club.
Après le départ de Jarell Quansah dans l’axe, Liverpool a dû s’activer pour lui trouver un remplaçant et a décidé de miser sur l’avenir en achetant au prix fort le jeune Giovanni Leoni en provenance de Parme (35€ M). L’italien de 18 ans ne compte qu’une saison en professionnel mais impressionne déjà ses ainés qui l’annonce comme un des futurs grand de la squadra azura. Néanmoins il faudra être patient avec lui et surtout ne pas bruler les étapes pour qu’il puisse un jour atteindre son potentiel. En parallèle, les dirigeants ont également cherché à recruter l’international anglais Marc Guéhi, mais la visite médicale raté d’Igor, son remplaçant à Crystal Palace, a fait capoter le deal. Un coup dur puisque les reds avaient trouvé une référence capable de suppléer Konaté souvent blessé et en fin de contrat en 2026.
Du côté des départs

Photo : © Sky Sports
Forcément avec autant d’achats, le club a dû équilibrer ses finances en laissant partir bon nombre de joueurs. Le club a enregistré onze départs et récupéré 219,5€ M en échange. Une belle somme qui explique en partie les nombreux transferts effectués par le club. L’équipe anglaise s’est donc débarrassé d’indésirable comme Nuñez envoyé en Arabie Saoudite à Al-Hilal (53€ M) ou encore de Tsimikas en prêt à la Roma. Par ailleurs, Luiz Diaz a fait ses valises pour Munich et l’Allianz Arena contre un joli chèque de 70€ M, permettant ainsi à Liverpool de renflouer ses caisses. De plus, le champion d’Angleterre a pioché chez ses jeunes afin de financer ce mercato XXL. À défaut de garantir du temps de jeu pour ses pépites, Arne Slot a trouvé à chacun un point de chute afin qu’il puisse exprimer leur talent. De ce fait Quansah est parti au Bayer Leverkusen (35€ M), Harvey Elliott à Aston Villa (35€ M), Doak à Bournemouth (23,2€ M), Kelleher à Brentford (14,8€ M) et Morton à Lyon (10€ M). Tout cela montre que le club fonctionne à tous les étages ; du centre de formation à l’équipe première Liverpool cultive les talents. Il convient évidemment de parler du cas Trent Alexander Arnold, lui, l’enfant du pays, un scouser pur et dur, un amoureux du club, du moins jusqu’à ce qu’il poignarde en plein cœur ses fans. Les supporters n’ont absolument pas digéré son départ, estimant que le joueur avait forcé sa sortie en ne prolongeant pas au club. Les reds n’ont pu en tirer que 10€ M, bien peu lorsqu’on sait qu’il est estimé à 75€ M. Ce qui se dégage c’est que les dirigeants n’auraient jamais pu investir autant sans vendre comme ils l’ont fait. Cela démontre une fois de plus le bon fonctionnement du club, même lorsque celui-ci dépense abondement, il fait attention à bien liquider pour se mettre à l’abri du fair-play financier.
Des montants qui interrogent
Mais cette refonte quasiment totale d’effectif pose question, jusqu’où les clubs anglais sont-ils prêts à aller ? En effet, on observe une domination depuis quelques années des clubs de Premier league lorsqu’il s’agit de transferts. Après la décennie 2010 acquise à la cause des clubs espagnoles avec la suprématie madrilène et barcelonaise, il semblerait que les clubs anglais aient repris le dessus tant sur le plan sportif que financier. En effet, le Bayer Leverkusen est la seule équipe hors Premier league à figurer dans le top 10 des équipes ayant le plus dépensé sur ce mercato (9ème). Ce chiffre marque donc ici la différence de budget et de modèle économique entre l’Angleterre et les autres championnats. Le fait que Liverpool effectue le mercato le plus cher de l’histoire à hauteur de 482,90 millions d’euros n’a rien d’anodin et cela met en exergue une fois de plus la superpuissance économique que représente la Premier league. Avec de tel chiffre il est difficile pour les concurrents de s’aligner. Et même si les géants que sont le PSG, le Bayern ou encore le Réal Madrid parviennent à suivre la cadence économique d’autres comme le Barça en proie à de gros soucis financiers tirent la langue. Le décalage commence à s’étendre et cela met en péril le football européen qui a du mal à respirer. Le moindre transfert en ligue 1 au-dessus des 30 millions est pratiquement inexistant et chaque joueur acheté à ce prix-là est immédiatement scruté avec attention, tandis que ce montant est tout ce qu’il y a de plus bénin de l’autre côté de la manche. De ce fait les clubs sont obligés de repérer les jeunes talents tôt pour éviter de les payer une fortune. Problème, une fois arrivée à maturité ces derniers rejoignent pour la plupart le royaume des trois lions dénivelant ainsi les autres championnats vers le bas. Les mastodontes d’Europe s’en sortiront toujours car ils sont suffisamment armés pour affronter un tel défi, mais qu’en sera-t-il des clubs de secondes zones, seront-ils capables de survivre contre la superpuissance anglaise ?

Super article Enzo
Top mon Enzo