Le chemin d’Or d’Ousmane Dembélé

Sacré devant Lamine Yamal et Vitinha, le natif d’Evreux vient de vivre, à 28 ans, la soirée de la consécration, récompense d’une saison quasi parfaite tant sur le plan individuel que collectif. Sixième français au palmarès du Ballon d’Or, il écrit son nom dans la légende du football mondial.

Qui aurait pu le prédire ? Il y a encore quelques mois, voir Ousmane Dembélé soulever la plus prestigieuse des récompenses individuelles paraissait totalement impensable. C’est pourtant avec un statut de favori assez confortable que l’attaquant parisien s’est présenté ce lundi au Théâtre du Châtelet. Lunettes sur le nez, accompagné par son meilleur ami, Dembélé fait son entrée sur le tapis rouge aux côtés des seuls parisiens présents, Joao Neves (19^e au classement du BO) et Désiré Doué (14^e), les autres étant convoqués pour le déplacement à Marseille. En effet, 9 joueurs du PSG sont nommés dans la prestigieuse liste, mais pas de doute : la star du soir c’est lui.

Un parcours sinueux

Propulsé parmi les plus grands au terme d’une saison 2024-2025 époustouflante, beaucoup avaient perdu espoir de voir un jour Ousmane Dembélé jouer dans cette catégorie. En 2015, à ses débuts en Ligue 1 avec Rennes (son club formateur), Dembélé impressionne tout le monde. Ambidextre, rapide, excellent dribbleur, il termine la saison avec 12 buts et 5 passes décisives en 26 matchs, et le titre de meilleur espoir. Immédiatement convoité, il décide de ne pas brûler les étapes et part au Borussia Dortmund pour environ 35 millions d’euros. Là-bas encore il fait l’unanimité, il finit l’année avec 10 buts et 20 passes décisives, et à l’été 2017, le Barça vient le chercher pour 145 millions d’euros. Transfert record, arrivée dans l’un des plus grands clubs du monde, Dembélé est maintenant une superstar. Les attentes qui pèsent sur lui sont d’autant plus importantes qu’il arrive pour pallier le départ de Neymar, après que celui-ci a cédé aux sirènes parisiennes. Mais dès ses premières saisons en Catalogne, l’adaptation est compliquée pour le Français. En plus d’une fâcheuse tendance à mal finir ses actions, qu’il traîne depuis le début de sa carrière, il est miné par des problèmes de blessures, et beaucoup de rumeurs tournent concernant son manque de rigueur. Problèmes de retard, hygiène de vie loin d’être irréprochable, Dembélé n’a pas encore passé le cap du très haut niveau et cela joue sur son état physique. Malheureusement pour lui, ces travers dureront lors de tout son passage au Barça. 6 saisons durant lesquelles il alternera entre des performances en dents de scie et de longues périodes d’absence.

A l’été 2023, lorsque le PSG approche le club catalan, ce dernier ne se fait pas prier pour vendre le joueur, et Ousmane Dembélé rejoint la capitale française pour 50 millions d’euros.

La première saison est, blessures mises à part, à l’image de son passage barcelonais. Le joueur est capable du meilleur dans le jeu mais pêche trop souvent à la conclusion. Premier but de la saison en novembre, le deuxième en avril, le rendement est bien trop faible pour un joueur de son calibre.

La métamorphose

Alors à l’été 2024, avec le départ de Kylian Mbappé, beaucoup s’inquiètent de voir Dembélé reprendre le leadership offensif. Replacé par Luis Enrique dans un rôle de faux numéro 9, le début de saison est compliqué collectivement. Paris domine la Ligue 1 sans trop de soucis, mais est à la peine en Ligue des Champions. Quatre petits points seulement après 5 journées, Dembélé est même écarté du groupe pour le déplacement à Arsenal à cause de problèmes de comportement. Les saisons se répètent et se ressemblent pour le Français, et s’il est cette fois-ci un peu plus efficace devant le but (8 en 20 matchs sur la première partie de saison), les résultats collectifs ne suivent pas et Paris est au bord de l’élimination. C’est à ce moment que vient le déclic. 15 buts sur les 9 premiers matchs qui suivent la pause hivernale, Dembélé surprend tout le monde, et son nouveau rôle semble lui convenir à merveille. En Ligue des Champions, Paris remonte la pente : une victoire au forceps contre Manchester City pour se donner confiance, des rencontres rassurantes contre Stuttgart et Brest, et surtout un jeu beaucoup plus abouti qui étouffe ses adversaires. Dembélé est sans nul doute l’un des fers de lance de cette révolte de mi-saison, s’imposant comme leader vocal, technique, mais aussi dans l’effort.

La suite est connue, Paris sort coup sur coup Liverpool, Aston Villa et Arsenal, puis finit en beauté en humiliant l’Inter en finale. Décisif à chaque tour, Dembélé est surtout le symbole d’un collectif impressionnant, premier déclencheur du pressing, finisseur attitré, il est une pièce maîtresse de tous les compartiments du jeu. Il finit la saison avec 33 buts et 13 passes décisives, à mille lieues de ses standards habituels.

Pour sa première nomination au Ballon d’Or, le moins qu’on puisse dire est qu’Ousmane Dembélé fait une entrée fracassante. Son discours post-victoire en dit long sur l’homme humble et au service du collectif qu’il est. Un mot pour tous ceux qui l’ont entouré sur et en dehors des terrains, et une vive émotion au moment de remercier ceux qui le suivent depuis toujours (ses parents et son meilleur ami), symbole du chemin parcouru. Il parachève avec cette récompense une carrière aux allures de montagnes russes, mais au bout de laquelle il aura finalement trouvé de l’or.